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    Bain volé dans le Golfe

     

    C’est d’abord un chemin délaissé par la foule.

    Une pente en douceur bordée de pins sylvestres.

    Une paire de vieilles baskets sales chaussée pieds nus à la sauvette pour jouir en douce de la marée haute, au crépuscule de septembre.

    Arrive la plage minuscule, son sable grossier, ses débris de goémon séchés au soleil. Personne à la ronde. Vite, les fesses dans un maillot quelconque.

    Les vêtements en tas, près d’un plan de fenouil.

    Le corps débarrassé, dans le souffle de l’ouest.

    Des ajoncs en surplomb chantent la brise soir.

    Les effluves de l’été qui meurent dans mes bronches.

    Quelques pas déhanchés vers le bord et ses coquillages contondants.

    Après le sable et ses puces bondissantes, la vase sombre et plastique qui fuit entre mes orteils. Puis l’eau doucement réchauffée sur les vasières luisantes depuis Port Navalo. Mes pieds qui s’enfoncent entre les touffes de bezhin du.

    L’eau qui monte à chaque pas, et m’enveloppe maternellement. Puis les mains immergées, puis le nombril, puis la nuque, comme un enfant. Enfin l’accroupissement, la disparition délicieuse dans l’onde amniotique.

    Quelques brasses liminaires volées.

    Enfin la fuite loin du monde. Loin des autres.


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