La lumière de l’aube révèle sous un jour inédit, les toiles d’araignées givrées qui dansent dans l’air glacé du matin. Et je découvre stupéfait, l’œuvre de ces prédatrices laborieuses. Chaque recoin accessible est quadrillé de leurs pièges à insectes. Pas une branche, pas un brin d’herbe qui ne soit mis à contribution pour quérir leur pitance.

Et je songe qu’à rester à ras des branches ou herbes où elles sont accrochées, ces toiles manquent singulièrement d’ambition : la plupart des mouches, cousins, moustiques, lépidoptères hétérocères ou rhopalocères volent au grand air, bien loin de ces dérisoires filets rase-mottes !

Je marche ainsi contemplatif pour chercher mon journal quand soudain un filament vient se tendre sur mon visage avant de rompre. Chaque matin à vrai dire, le même fil est retendu pour être rompu par mes soins de la même manière. Comme si un Sisyphe arachnide prenait soin chaque nuit de replacer le dispositif en travers de mon chemin de Gulliver mal réveillé.

Peut-être l’œuvre d’un pholque un peu idéaliste, qui aurait deviné ma remarque ci-dessus et qui tenterait obstinément une chasse originale, loin du modèle de ses congénères. Un emmerdeur qui confond comme beaucoup, le souhaitable et le possible, sans doute.