• L'autre jour, j'ai vu un film chiant

    L’autre jour, j’ai vu un film. Un film français avec des acteurs français célèbres et un scénariste français célèbre, lui aussi. C’était l’histoire d’un écrivain qui nous pétait sa crise de la quarantaine. Visiblement travaillé par une liaison accidentelle avec la fille d’un de ses potes qui avait la fâcheuse manie de se promener à poil au bord de la piscine, il était devenu infect avec sa femme, tenancière d’une galerie d’art. Son alcoolisme, au type, connaissait lui aussi une seconde jeunesse suite à l’aventure susmentionnée, au point qu’un jour, Madame fit ses valises et partit rejoindre un ancien amant, avocat d’affaire installé ailleurs en province. Voilà pour les grandes lignes du scénar’.

    La maison du couple, vaste, lumineuse et aérée respirait le bon goût des magazines de déco. Des rideaux d’un gris léger ondoyaient dans le souffle printanier permanent du salon. Une cuisine où chaque chose trouvait sa place, avec des torchons unis, élégamment suspendus à des crochets robustes et bien disposés. Une batterie d’ustensiles coordonnés. Une collection d’épices multicolores. Dans la chambre au couvre-lit beige comme tout le reste - oui, tout était beige dans la bicoque sauf les rideaux -  plusieurs paniers en osier pour recevoir ce qui chez vous et moi, traine au sol parfois. Un sol, justement, en tomette du terroir. Des rampes en ferrailles serties dans des murs façon torchis. Des poutres apparentes partout. Des lampes italiennes qui réglaient l’ambiance dans le chant des grillons du soir.

    Le jardin équipé d’une piscine, comme ci-dessus évoqué, offrait quelques hectares d’un gazon digne d’une publicité pour Vilmorin. Des chênes, des hêtres et un bosquet de bouleaux, sans feuilles au sol. Des parterres de rosiers fournis et uniformes, des haies de buis au cordeau.

    Bien sûr, ce petit monde promenait ses soucis existentiels et sexuels en puissante voiture allemande assez récente.

    Vu l’état des mains de ce petit monde, et même si un moment, on tente pour les besoins de la narration de nous faire croire que Madame s’adonne à la taille des rosiers, ce petit monde, disais-je, n’en branle visiblement pas une dans le jardin. Et au regard de l’étendue de la propriété, c’est bien trois ou quatre jardinos à plein temps que doit employer cette famille pour tenir la propriété. Pour tenir la maison, et vu que, malgré là encore ce que tente à plusieurs reprise de nous faire croire le scénariste, ni Monsieur ni Madame ne tient jamais le manche de l’aspirateur ni encore moins une serpillière. Ajoutons donc autant de cuisinier(e) et femme (homme) de ménage. C’est donc une bonne demi-douzaine d’employés qui doit s’affairer autour de ce petit monde à problèmes. Gageons que ces gens, dont on ne manque pas de souligner au cours du film, qu’ils portent leurs suffrages à  des représentants qui siègent la main sur le cœur, à gauche de l’hémicycle, rétribuent leur personnel au-delà des minima de la convention collective respective de chacun. C’est donc une bonne vingtaine et demi de kiloeuros que nos personnages doivent décaisser chaque mois à ce titre. Hors investissement et achat de graines, bien sûr. Sans parler des bagnoles.

    Vu le boulot d’écriture fourni, la production du quadra alcoolo. Vu le chiffre d’affaires réalisé par la pouffe dans sa galerie à la con, les voir perdus qui avec sa barbe de trois jours, qui avec son talon cassé m’a finalement assez amusé. Non pas qu’une jalousie quelconque ait suscité de sentiment chez moi, je me suis dit que les scénaristes et producteurs des films français doivent vivre en vase clos, dans des petits appartement étriqués qui les frustrent.

    Et c’est bien fait pour eux : rapidement, et malgré la distribution prestigieuse, le fil de l’intrigue m’a perdu : le film est devenu d’un chiant insondable, bien que salué par la critique, qui doit elle aussi vivre en clapiers mal aérés.


  • Commentaires

    1
    clochapuis
    Lundi 18 Mars 2013 à 19:47

    Sur ce coup-là, je m'étais franchement méfiée car la recette commence à être éventée: quelques têtes d'affiches serties dans un catalogue double page (déco+prêt à porter), un zoom sur des circonvolutions autour du nombril des bobos avec différentes proportions de: un mari, une femme, un amant, et les autres, la crise de la quarantaine et parfois quelques critiques acquis d'avance. Mais il faut reconnaître que, pour le prix d'un seul ticket de cinéma, on économise l'achat de plusieurs catalogues... C'est joli le beige, non?

    PS: En ce qui me concerne, j'ai fait hier une expérience cinématographique édifiante d'ou je conclus qu'il existe deux espèces irréconciliables: l'adulte navré qui accompagne un enfant pour voir 'Boule et Bill" et l'adulte qui vient tout seul. Pour voir Franck Dubosc!

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