• Pour le système impérial d'unités

    Je sais pas si vous avez remarqué comme pour illustrer le caractère immense d’un espace, on utilise l’unité du terrain de foot. De même pour les grandes distances verticales on recourt à la tour Eiffel. Tel hangar est tellement grand qu’il contiendrait trois terrains de foot. Ou tel gouffre abriterait deux tours Eiffel. A l’opposé pour le très petit, on recourt à la tête d’épingle. De tels dispositifs ultra-miniaturisés, on en mettrait dix sur une tête d’épingle.

    Pourtant le système métrique nous offre l’hectare pour les grandes surfaces ou l’hectomètre pour les grandes longueurs. On pourrait dire, montrant qu’on s’est approprié le système métrique depuis les classes élémentaires, que le hangar ci-dessus fait plus de trois hectares, que le gouffre est profond de plus de six hectomètres ou encore que nos prouesses en miniaturisation nous permettent d’atteindre le micromètre ou le nanomètre.

    Hélas, c’est sans compter sur le besoin qui est le nôtre d’une échelle humaine dans la mesure des grandeurs d'étendues. On a vu un Ministre de l’agriculture maintenant candidat aux « primaires » de son parti, buter sur la question de combien fait un hectare (dernière question de l'animatrice), prouvant s’il en était besoin qu’on peut s'asseoir sur le bon sens des cours élémentaires et qu'il n’est nul besoin d’être compétent pour occuper ce type de poste. Mais ne nous égarons pas dans les champs. Le fait est que l’abstraction du système métrique nous perd dès qu’il s’agit d’appréhender les dimensions du monde qui nous entoure.

    Dans l’ancien régime et dans le monde anglo-saxon actuel existe le système impérial d’unités, qui me paraît pour les raisons dites ci-dessus, plus humain. On ne peut pas en vouloir à CASSINI, LEGENDRE ou MECHAIN d’avoir voulu définir en plein siècle des Lumières, un système basé sur le mètre, portion du méridien terrestre, ni à l’académie des sciences d’avoir voulu lui donner une dimension universelle. Mais universelle pour qui, puisque que je sache, ni l’éléphant de la savane ni l’hirondelle ne l’utilisent pour leurs pérégrinations ou leurs migrations ? Mais que les hommes gardent pour eux et eux seuls, ces trésors de conceptualisation de l'espace.

    Osons donc dire qu’un pouce, un pied qui en fait douze ou un yard qui compte trois pieds, soit trente-six pouces, me paraissent davantage à la portée de l’entendement et des sens humains. Et que dire d’une pinte qui vaut vingt onces liquides impériales ? N’ajoutai-ce point la poésie nécessaire à son contenu ? Que 0,56826125 litre de la plus délicieuse des bières restera imbuvable ? Et que dire du mile terrestre qui est différent du mile marin ? N’est-ce pas une évidence que les distances ne peuvent pas s’évaluer de la même manière sur mer ou sur le plancher des vaches ? Un panier de basket qui culmine à dix pieds n'est-il pas bien plus à sa place qu'à 3,048 mètres ? N’avez-vous pas remarqué qu’il se dégage d’une mécanique en quarts, huitièmes ou seizièmes de pouces une douceur suave qu’on ne trouve plus dans les catalogues froids et décharnés de nos machines contemporaines imprimées en 3D ?

    Figurez-vous que la montre qui accompagne mes sorties sportives et qui dialogue avec les satellites m’avertit depuis quelques mois d’une petite sonnerie à chaque mile parcouru. Et bien croyez-moi si vous voulez, mais je sais naturellement anticiper le moment où elle va sonner, tellement cette distance me semble désormais naturelle. Adieu donc, monde déshumanisé du système métrique. A partir de maintenant, tout appareil à ma portée sera paramétré dans le système anglo-saxon et je ne parlerai plus qu’en mesures issues de ce système.


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