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Dans les yeux pétillants d’Aubin, on lit la soif de vivre des classes primaires. Les espiègles chaussures mouillées par les sauts des flaques de l’automne. Les retours d’école débraillés aux manteaux portés par la capuche. La morve que l’on renifle. Les chocos BN et les bols de lait miel dans la gorge qui pique.
Dans les yeux malicieux d’Aubin, j’ai vu la fronde, la faim de confronter son petit être mâle à un papa beaucoup trop fort pour lui. Un Goliath domestique à qui on aimerait porter des coups de David. Pour se sentir exister. Un peu. Une envie d’assaut de chatouilles. De bordel ultime à coup de polochon. D’insurrection rédemptrice.
Dans les yeux cernés d’Aubin pourtant, je lis l’épuisement d’un bambin trop occupé. Une petite existence où le judo, le basket, le piano succèdent dans la nuit trop hâtive des trimestres d’hiver, à l’ennui des leçons et au cartable trop lourd.
Dans les yeux fatigués d’Aubin, l’envie de grandir rapidement, pour sortir au plus vite de cette enfance bancale, faites d’injonctions maternelles étouffantes.
Dans les yeux clairs d’Aubin, sous sa mèche blonde, se devine une genèse à coup de paillettes flamandes anonymes et congelées. Un caprice autorisé à sa maman, dans la solitude de son délire.
Dans les yeux tristes d’Aubin, la détresse d’un éclopé de l’enfance… parmi d’autres.
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