• Un jour, la boite de coton-tige est vide

    Un jour, la boite de cotons-tiges est vide. On ne se souvient plus trop de la fois où on l’a achetée, ça devait être au supermarché. Oui, c’est ça. On passe chaque semaine devant le rayon. On y jette un œil en se disant qu’il en reste encore à la maison. D’ailleurs, on prend toujours cette même boite avec son ouverture mal foutue qui les laisse échapper comme quand on ouvre une boite d’allumettes dans le mauvais sens. Chaque boite de cotons-tiges croise au moins une fois dans sa vie une paire de mains maladroites qui fait échapper tout son contenu dans le lavabo.

    On se remémore aussi l’usage modéré qu’on fait de ces accessoires jetables. Car même si ça fait pourtant du bien de se caresser l’intérieur des oreilles, même si après le passage du coton en haut, en bas, sur les bords (oui… là…oh oui… encore une fois…), même s’il est jouissif d’en terminer avec cette goutte vicieuse, ce reliquat de mousse qui nous torture de chatouilles, on nous a répété qu’il fallait les utiliser avec modération rapport à ce qu’ils sont susceptibles de pousser le cérumen au fond du conduit auditif et de former un bouchon qui pourrait atténuer notre audition. Et puis c’est dangereux. On peut se blesser, s’irriter, tout ça. Tout ce qui est jouissif en ce bas monde est mal et mauvais pour la santé. Même les cotons-tiges.

    Alors on y va mollo. Pas tous les jours.

    Notez, on s’accommode bien de cet usage modéré. Quelle satisfaction de contempler un butin coloré sur le coton blanc que l’on extrait d’un conduit laissé en jachère plusieurs jours !

    Bref, malgré toute cette parcimonie, un jour la boite est vide et le temps a passé. Cent soixante bâtonnets. Deux tous les trois jours. Sept mois d’usage. Sept mois. Une éternité.


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